Lecture : le petit chaperon rouge de Grimm

LE PETIT CHAPERON ROUGE
(conte de Grimm illustré par Frédérick Mansot)
Il était une fois une petite fille qui était si mignonne que tout le monde l’aimait.
Sa grand-mère, qui l’adorait plus que tout, lui fit cadeau, un jour, d’un chaperon de velours rouge. Il lui allait si bien que la fillette ne voulut plus porter autre chose et on l’appela désormais le petit Chaperon rouge.
Un jour, sa mère lui dit : « Tiens petit Chaperon rouge, voici une galette et une bouteille de vin. Porte-les à ta grand-mère qui est malade pour lui redonner des forces. Sois bien sage et ne t’écarte pas du chemin. Et n’oublie pas de dire bonjour quand tu arriveras chez ta grand-mère.
– Je ferai bien attention », lui promit le petit Chaperon rouge avant de partir.
La grand-mère habitait à une bonne demi-heure du village, au plus profond de la forêt. A peine entrée dans le bois, le petit Chaperon rouge rencontra le loup. Comme elle ne savait pas quel féroce animal c’était, elle n’eut pas peur du tout.
« Bonjour, petit Chaperon rouge, dit le loup.
– Bonjour, loup.
– Où vas-tu de si bon matin ?
– Chez ma grand-mère qui est malade.
– Et que portes-tu dans ton petit panier ?
– Du vin et une galette pour lui redonner des forces.
– Et où habite-t-elle, ta grand-mère, petit Chaperon rouge, demanda le loup.
– Plus loin dans la forêt, à un quart d’heure d’ici, sous les trois grands chênes, c’est facile », expliqua le petit Chaperon rouge.
Tout en faisant un bout de chemin avec le petit Chaperon rouge, le loup pensait : « Cette mignonne est un vrai régal. Tendre et dodue à la fois ! Elle sera bien meilleure que la grand-mère. Mais si je suis assez malin, je pourrai les croquer toutes les deux. »
« Petit Chaperon rouge, as-tu vu toutes ces jolies fleurs ? Entends-tu les oiseaux chanter ? Tu marches droit devant toi, comme si tu allais à l’école, alors qu’il y a tant de choses amusantes dans la forêt ! »
Le petit Chaperon rouge regarda alors autour d’elle et elle vit les rayons du soleil danser à travers les arbres et le sol couvert de fleurs.
« Grand-mère sera contente si je lui apporte un beau bouquet, songea-t-elle. Il est encore tôt, j’ai bien le temps d’en cueillir. »
S’écartant du chemin, elle se mit à cueillir des fleurs sous les arbres. Une par-ci, une par-là. À peine en avait-elle cueilli une qu’elle en apercevait une autre plus belle encore, et, ce faisant, elle s’enfonça de plus en plus profondément dans la forêt.
Le loup, pendant ce temps, courait tout droit chez la grand-mère. Il frappa à la porte.
« Qui est là ?
– C’est le petit Chaperon rouge. Je t’apporte du vin et une galette, ouvre-moi !
– Tire la chevillette et la bobinette cherra, cria la grand-mère. Je suis trop faible pour me lever. »
Le loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Et, sans plus de discours, il se précipita vers le lit de la grand-mère et la mangea. Puis il mit sa chemise de nuit et son bonnet de dentelle, tira les rideaux et se coucha dans son lit.
Le petit Chaperon rouge avait couru de fleur en fleur et son bouquet était maintenant si gros qu’elle pouvait à peine le porter. Alors, elle pensa à sa grand-mère et se remit bien vite en chemin.
La porte était ouverte. Quand elle fut dans la chambre, elle eut une drôle d’impression. Elle dit bonjour, mais comme personne ne lui répondait, elle écarta les rideaux et s’avança jusqu’au lit.
Sa grand-mère était bien là, mais, avec son bonnet qui lui cachait presque toute la figure, elle avait un air étrange…
« Oh ! grand-mère, que vous avez de grandes oreilles ! s’exclama le petit Chaperon rouge.
– « C’est pour mieux t’entendre, mon enfant.
– Oh ! grand-mère, que vous avez de grands yeux !
– C’est pour mieux te voir, mon enfant.
– Oh ! grand-mère, que vous avez de grandes mains !
– C’est pour mieux t’attraper, mon enfant.
– Oh ! grand-mère, que vous avez de grandes dents !
– C’est pour mieux te manger, mon enfant. »
Et, sur ces mots, le loup bondit hors du lit et dévora le pauvre petit Chaperon rouge.
Rassasié, le loup retourna se coucher et se mit à ronfler si fort qu’un chasseur qui passait devant la maison l’entendit.
« Comment se fait-il que la vieille dame ronfle si fort ? se dit-il. Allons voir ce qui se passe. »
Le chasseur entra dans la maison et vit le loup couché dans le lit.
« C’est ici que je te trouve, vieille canaille ! s’écria-t-il en épaulant son fusil. Depuis le temps que je te cherche… »
Le chasseur allait tirer quand, tout à coup, l’idée lui vint que le loup avait pu manger la grand-mère et qu’il était peut-être encore temps de la sauver. Il reposa son fusil, prit des ciseaux et se mit à ouvrir le ventre du loup endormi.
Quelques coups de ciseaux plus tard, le petit Chaperon rouge sautait dehors en s’écriant :
« Oh, comme j’ai eu peur ! Il faisait si noir dans le ventre du loup ! »
Peu de temps après, la grand-mère sortait à son tour, c’est à peine si elle pouvait respirer !
Le petit Chaperon rouge courut chercher de grosses pierres et en remplit le ventre du loup. A son réveil, il voulut s’enfuir mais les pierres pesaient si lourd qu’il ne put faire un pas et tomba raide mort.
Tout le monde était content : le chasseur prit la peau du loup, la grand-mère mangea la galette et but le vin. Quant au petit Chaperon rouge, elle se jura de ne plus désobéir à sa mère quand elle lui dirait de ne jamais s’éloigner du chemin dans la forêt.

illustrations chaperon rouge

 

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