Les élèves de la classe de CM1 de l’école du Nord à Toulouse utilisent régulièrement l’environnement numérique de travail (ENT) de l’école : One. Il s’agit d’un espace de partage sécurisé, auquel chaque membre accède grâce à un identifiant et un mot de passe, et ne peut consulter que le contenu qui lui est destiné.
Les applications de l’ENT que la classe utilise le plus sont la messagerie et le cahier de texte, dont l’enseignante a détourné l’usage pour en faire un support de plan de travail.
Ainsi, dans ce plan de travail, les élèves trouvent des liens vers des exercices interactifs (liens vers des sites tels que matou matheux, logicieleducatif, calcul@tice, LearningApps…), ou des missions à réaliser (en arts visuels par exemple, à partir d’œuvres étudiées lors d un projet inter école : « les petits as du cinémart » ). Le cahier multimédias leur propose également des défis.
Ainsi, si le travail prévu par l’enseignante s’effectue en classe, les élèves ont la possibilité d’y accéder de chez eux. Certains exercices peuvent être partagés avec tous les utilisateurs dans le monde entier. Un classement est proposé en fonction des résultats obtenus. L’un des élèves de la classe s’entraîne d’ailleurs régulièrement chez lui jusqu’à améliorer le plus possible son classement. Une majorité d’élèves refait à la maison les exercices proposés en classe, soit pour refaire ce qu’ils n’ont pas réussi, soit au contraire pour le plaisir de refaire ce qu’ils ont réussi (une majorité d’ailleurs refait les exercices réussis). Les élèves travaillent dans toutes les disciplines grâce à l’ENT, et apprécient tous cet outil qui leur permet d’échanger mais aussi de travailler et revoir ce qu’ils ont compris ou n’ont pas compris et d’avoir accès n’importe quand à ce qu’ils étudient en classe.
L’après midi du jeudi est en quelque sorte banalisée pour le travail sur One. L’une des élèves soulève que, si cela ajoute un temps d’écran supplémentaire, « c’est bien aussi les écrans parce qu’on peut apprendre plein de choses sur des sujets qui nous intéressent, savoir ce qui se passe sur le blog » et « je trouve qu’on travaille beaucoup ».
L’un des élèves, qui a des difficultés pour écrire, est ravi de pouvoir travailler sans les désagréments que lui causent la tenue d’un stylo. En revanche, taper sur un clavier n’est pas forcément plus facile pour tout le monde car « il faut mémoriser l’emplacement des lettres » pour pouvoir écrire avec fluidité. Un élève rappelle cependant que « si tu veux écrire un livre, tu ne vas pas l’écrire sur des feuilles ! C’est plus rapide et plus facile de le taper sur un clavier. » « Avec un stylo, tu ne peux pas changer d’écriture, alors qu’avec un clavier, tu peux changer la police d’écriture, la taille, etc… »
Les leçons et parcours proposés par l’enseignante sont très souvent consultés de la maison. Par rapport au travail sur feuille, les élèves apprécient de pouvoir enregistrer, consulter des vidéos : « sur les feuilles, il n’y a pas d’applications multimédias ». L’un d’eux souligne que s’il perd régulièrement ses feuilles car il a du mal à les ranger au bon endroit et à les retrouver, dans l’ENT, rien ne se perd ! On peut aussi, d’un mouvement de souris, passer d’un sujet à l’autre ou d’une discipline à l’autre.
Le service plébiscité par la classe reste la messagerie, à laquelle les élèves se connectent très souvent. Ils aiment pouvoir parler à leurs amis de la classe, surtout lorsqu’ils habitent loin les uns des autres et ne peuvent se voir en dehors de l’école, ou pendant les vacances. « Ça permet de mieux nous connaître entre élèves de la classe ».
L’enseignante leur envoie également des messages, et c’est par ce biais qu’elle leur a fait acquérir des compétences en traitement de texte. Elle leur envoyait en début d’année des messages auxquels elle leur demandait de répondre en modifiant la police, la couleur ou la taille des caractères. Mais elle reçoit également régulièrement de la part des élèves, des messages individuels auxquels elle répond. Elle a fait le choix de ne pas activer la modération des messages que les élèves s’envoient. Elle n’a donc aucune visibilité sur leur contenu, mais la consigne est très claire, répétée régulièrement et connue de tous : pas de grossièretés, d’insultes, de vulgarité, de menaces, etc… Les mêmes règles s’appliquent dans la vie réelle et dans la vie virtuelle. Les élèves savent qu’ils doivent signaler à l’enseignante le moindre propos répréhensible et si tel était le cas, elle supprimerait immédiatement le service de messagerie.
L’avantage pour l’enseignante, est que face au cheminement d’exercices à faire qu’elle a élaboré, les élèves sont autonomes, mais dans un environnement numérique sécurisé. Une fois qu’ils ont ouvert le cahier de textes et consulté le plan de travail et les consignes de départ, chacun le réalise à son rythme, « sans que la classe soit obligée d’attendre ceux qui ont besoin de plus de temps. » « Cela permet plus de souplesse par rapport au temps qui passe et à la vitesse de travail de chacun ». Elle trouve important que les élèves puissent accéder au cahier de texte depuis la maison, et ainsi garder une trace de ce qui est fait en classe, y revenir si besoin ou envie, et partager ce qu’ils ont appris avec leur famille. Ce qu’elle regrette en revanche, c’est que les liens vers les exercices en ligne ne lui permettent pas d’avoir une trace du travail réalisé. Elle voit qu’ils sont actifs, qu’ils réfléchissent. Mais comme c’est autocorrectif, les élèves savent s’ils ont réussi ou non mais l’enseignante n’a pas de retour, ce qui est frustrant pour elle. Cela dit, il est possible de demander aux élèves de noter leur score sur leur cahier.
Selon les élèves, les parents apprécient également cet outil « formidable » qui leur permet de communiquer avec leurs camarades en-dehors de la classe, de consulter le travail qui a été fait en classe ou les réalisations de leurs enfants. Quant aux exercices que l’on peut refaire de chez soi, selon un parent, « ce ne sont pas des devoirs en plus, mais c’est un jeu de devoirs en plus ». Certains parents sont un peu plus réticents, notamment une mère dont l’enfant consomme beaucoup de jeux vidéo et a un temps d’écran important.
Les élèves ont appris à utiliser une messagerie, réaliser un parcours de travail en autonomie, découvert ce qu’est une identité numérique en apprenant à utiliser des identifiants. Si certains élèves savent déjà gérer leur profil et la photo qu’ils choisissent d’y mettre, l’identité numérique et les règles de diffusion n’ont pas encore fait l’objet d’un apprentissage spécifique.
L’enseignante compte bien poursuivre son utilisation l’an prochain et l’enrichir. Sa collègue en charge des CM2, qui n’utilisait pas cet outils jusqu’à présent, pense s’y mettre également. D’abord parce que les usages dont sa collègue lui a parlé lui semblent intéressants, mais également pour que les élèves continuent à utiliser cet environnement qu’ils connaissent, et poursuivent la mise en œuvre des compétences acquises en CM1.